Lorsqu'on se trouve devant quelqu'un en souffrance, on a un désir naturel de réparer ce qui est cassé, d'enlever la peine, de faire en sorte que tout s'arrange. Et si on ne sait pas bien comment s'y prendre, c'est parce que, justement, c'est impossible. Il n'y a pas de pommade qui puisse soulager le départ d'un enfant. Il n'existe pas de glue pour recoller les morceaux d'une vie brisée. Il faut simplement accepter le chemin qu'il y a à traverser, aussi dur soit-il, et pleurer avec ceux qui pleurent.
Mais personne n'aime la souffrance, et celle des autres en particulier peut mettre mal à l'aise. Alors on espère que malgré tout, elle puisse disparaître, pour qu'on puisse ne plus avoir à y faire face. Combien de fois, lorsque les gens m'ont demandé ces derniers mois "ça va ?", et que j'ai répondu par l'affirmative, j'ai crû percevoir un certain soulagement dans les visages, comme pour dire "ouf... la tempête est passée, tout va bien maintenant, on peut passer à autre chose..." (Si je suis volontairement sarcastique, c'est parce que je reconnais être aussi coupable de cette même attitude vis à vis d'autres personnes). Et j'ai envie de préciser, "oui, ça va, Dieu m'aime, le soleil brille, je ne suis pas dans un coin en position du foetus en train de sucer mon pouce... MAIS au fait, j'ai perdu un enfant, et cette douleur fait partie intégrante de notre vie, chaque jour." Ce n'est pas comme une grippe dont on guérit, et une semaine plus tard on peut dire que ça va mieux. Notre tristesse n'aura de fin qu'au ciel.
Du coup, je redoute les semaines qui viennent. Les gens vont avoir la confirmation qu'ils ont bien vu, mon ventre est en train de s'arrondir. Et quand c'est la septième fois, ça va plus vite que la première... Mais ce que je redoute, c'est qu'une fois de plus, et de manière plus marquée, un soupir de soulagement collectif va se faire ressentir. On va se réjouir parce qu'après l'orage vient le soleil, et maintenant, enfin, tout va pouvoir s'arranger, l'épreuve est passée, on passe à autre chose de plus heureux. Et aussi simplement que cela, sa courte vie fera partie d'un passé enterré.
Il y a une expression dans le monde du deuil périnatal qui parle du bébé qui vient après. On l'appelle le bébé espoir. La tentation est grande de se dire qu'un nouvel enfant sera LA solution qui réparera ce qui est brisé, le vecteur d'une guérison, la rédemption d'une situation tragique.
Mais la réalité, c'est qu'aucun enfant ne peut remplacer celui qui est parti. Avec lui, se sont envolés rêves et projets. A leur place, un vide qui jamais ne sera comblé. On aurait tort de placer son espérance dans un autre bébé, tout d'abord parce qu'un deuil n'est malheureusement jamais une garantie qu'il n'y en aura pas d'autres mais surtout, parce qu'aucun enfant ne devrait supporter cette charge d'être celui qui redonne le bonheur. Non, le vrai espoir, le seul qui soit, est celui de la vie éternelle. La rédemption ne se trouve ailleurs qu'en l'oeuvre de Jésus pour nous. Et il n'y a qu'au ciel que les choses tristes ne seront plus, que ce qui est brisé sera parfait, et que la tristesse sera finie.
Mais personne n'aime la souffrance, et celle des autres en particulier peut mettre mal à l'aise. Alors on espère que malgré tout, elle puisse disparaître, pour qu'on puisse ne plus avoir à y faire face. Combien de fois, lorsque les gens m'ont demandé ces derniers mois "ça va ?", et que j'ai répondu par l'affirmative, j'ai crû percevoir un certain soulagement dans les visages, comme pour dire "ouf... la tempête est passée, tout va bien maintenant, on peut passer à autre chose..." (Si je suis volontairement sarcastique, c'est parce que je reconnais être aussi coupable de cette même attitude vis à vis d'autres personnes). Et j'ai envie de préciser, "oui, ça va, Dieu m'aime, le soleil brille, je ne suis pas dans un coin en position du foetus en train de sucer mon pouce... MAIS au fait, j'ai perdu un enfant, et cette douleur fait partie intégrante de notre vie, chaque jour." Ce n'est pas comme une grippe dont on guérit, et une semaine plus tard on peut dire que ça va mieux. Notre tristesse n'aura de fin qu'au ciel.
Du coup, je redoute les semaines qui viennent. Les gens vont avoir la confirmation qu'ils ont bien vu, mon ventre est en train de s'arrondir. Et quand c'est la septième fois, ça va plus vite que la première... Mais ce que je redoute, c'est qu'une fois de plus, et de manière plus marquée, un soupir de soulagement collectif va se faire ressentir. On va se réjouir parce qu'après l'orage vient le soleil, et maintenant, enfin, tout va pouvoir s'arranger, l'épreuve est passée, on passe à autre chose de plus heureux. Et aussi simplement que cela, sa courte vie fera partie d'un passé enterré.
Il y a une expression dans le monde du deuil périnatal qui parle du bébé qui vient après. On l'appelle le bébé espoir. La tentation est grande de se dire qu'un nouvel enfant sera LA solution qui réparera ce qui est brisé, le vecteur d'une guérison, la rédemption d'une situation tragique.
Mais la réalité, c'est qu'aucun enfant ne peut remplacer celui qui est parti. Avec lui, se sont envolés rêves et projets. A leur place, un vide qui jamais ne sera comblé. On aurait tort de placer son espérance dans un autre bébé, tout d'abord parce qu'un deuil n'est malheureusement jamais une garantie qu'il n'y en aura pas d'autres mais surtout, parce qu'aucun enfant ne devrait supporter cette charge d'être celui qui redonne le bonheur. Non, le vrai espoir, le seul qui soit, est celui de la vie éternelle. La rédemption ne se trouve ailleurs qu'en l'oeuvre de Jésus pour nous. Et il n'y a qu'au ciel que les choses tristes ne seront plus, que ce qui est brisé sera parfait, et que la tristesse sera finie.