La joie des attentes déçues
Curieux titre, n'est-ce pas ? J'espère qu'il aura attiré votre attention, et je prie que les paroles de Blythe ne suscitent pas de la jalousie ou une insatisfaction si votre mari n'a pas les mêmes qualités, mais qu'au contraire, vous soyez encouragée à suivre cet exemple qui se focalise sur le bien que fait l'autre, plutôt que sur ses manquements. Vous n'avez pas épousé Aaron, mais votre mari a aussi ses qualités... reconnaissez-les et soyez reconnaissante ! Et plus que tout, trouvez en Dieu la réponse à vos besoins les plus profonds. Que votre foi soit fortifiée !
Pour Aaron
Quand j'étais jeune fiancée, Aaron envoyé à mon bureau un magnifique bouquet de roses rouges. Mes collègues se sont extasiées devant elles, mais rapidement, la conversation a tourné au cynisme et elles m'ont avertie de profiter du romantisme tant qu'il était là. Chacune d'entre elles m'a dit qu'elle ne se souvenait même pas de la dernière fois que son mari lui avait envoyé des fleurs, et que le romantisme avait disparu de leur mariage depuis bien longtemps.
En me préparant au mariage, je me souvenais du conseil de ces femmes et je ne pouvais pas imaginer me retrouver dans cette même situation. Après tout, Aaron était SI romantique ! C'est l'homme qui m'a fait la surprise pendant la cérémonie du mariage d'un chant qu'il avait écrit pour l'occasion ! Ce chant était si beau que j'ai entendu des sanglots pendant qu'il chantait... et c'était un témoin qui pleurait ! Il est allé jusqu'à enregistrer secrètement des CD de ce chant pour les donner en souvenir à tous les invités, et c'est sur ce chant que nous avons dansé pendant la soirée. Je ne pouvais imaginer un jour où Aaron ne me surprendrait plus avec des fleurs, une chouette sortie ou même un week-end en amoureux.
Mais vous savez quoi ? Ces femmes avaient raison -me voici des années plus tard, et je ne me souviens même pas de la dernière fois qu'Aaron m'a envoyé un bouquet.
Je repense à ces attentes que j'avais en tant que jeune épouse. Je pensais que des roses, un poème, ou un restaurant chic, étaient des preuves du vrai amour. Et elles l'étaient sans doute à un moment de notre relation. Ce que je ne comprenais pas à l'époque, c'est que quand l'amour mûrit et que la vie change, l'amour se révèle de différentes façons, mais de manière plus concrètes. Je ne me souviens peut-être pas de la dernière fois qu'Aaron m'a envoyé des fleurs, mais voilà cinq ans qu'il a deux boulots pour me permettre de rester à la maison avec nos enfants. Il travaille six jours par semaine, sans se plaindre, sans cesse louant Dieu pour sa provision, mais je sais qu'il est épuisé la plupart du temps. Et malgré cet épuisement, il insiste pour mettre nos enfants au lit, tous les soirs. Il leur brosse les dents et leur donne leurs médicaments contre l'asthme. Il les met en pyjamas et s'assure qu'ils sont passés aux toilettes. Il leur raconte l'évangile et prie avec eux, puis il leur fait des câlins, les embrasse et borde leurs couvertures. Pour moi cela vaut plus que toutes les roses du monde. Quand Aaron sort de leur chambre, avec un sourire fatigué, s'amusant d'une parole de l'un de nos enfants -tout cela vaut plus que toutes les roses du monde. Je pourrais continuer en racontant toutes les façons qu'il m'aime sans penser à lui-même. La beauté de son amour fait pâlir la rose la plus magnifique.
Je ris d'avoir un jour cru que les roses rouges avaient tant d'importance, qu'elles étaient le summum de l'amour. Je ne comprenais pas ce qu'est vraiment l'amour -le sacrifice et l'abandon de soi, la compassion et la bonté, le pardon et l'engagement. Les roses doivent certainement trouver leur place quelque part dans tout ça, mais elles sont en bas de ma liste ces jours-ci.
Oh, combien nos attentes peuvent détruire des relations ! Tout récemment, j'avais demandé pour Noël un nouveau FitBit. Mon ancien était sur le point de rendre l'âme, et j'avais hâte d'avoir le dernier modèle. J'étais donc étonnée qu'Aaron ne me demande pas quelle sorte je souhaitais. Le matin de Noël, aucun de mes cadeaux n'avait la forme d'une boîte de FitBit. Hmmm. J'ai ouvert un cadeau de la part d'Aaron -un chargeur sans fil pour le téléphone, gadget sympa- mais tout ce qui me restait alors à ouvrir était le cadeau de mon adorable petit garçon. Chaque année, pour Noël et mon anniversaire, Von veut m'acheter un cadeau dans notre boutique préférée du centre-ville, Terra Verde. Ce Noël n'a pas fait exception, et quand Aaron l'y a amené, Von a choisi un cadeau tellement beau et parfait qu'Aaron n'a pas su refuser, et il a laissé notre enfant de 5 ans dépenser tout ce qui restait de son budget cadeaux !
J'ai regardé ce collier en or, un cadeau extravagant, et j'ai regardé le joyeux visage de mon petit garçon, qui avait tellement envie de faire plaisir à sa maman, puis j'ai regardé mon mari, qui arborait un grand sourire. D'un côté j'avais envie de m'accrocher à mes attentes, mais par la grâce de Dieu j'ai réalisé qu'Aaron avait eu une vision plus grade : il avait saisi une occasion de laisser son petit garçon aimer sa mère de façon grandiose, une occasion de donner à sa femme le cadeau de la beauté qui rendait un FitBit ridicule en comparaison, une occasion de donner à son fils un exemple de générosité. Mes attentes minables se sont estompées et mon cœur s'est empli de reconnaissance. Ce collier durera bien plus longtemps qu'un FitBit, et je le chérirai toute ma vie en me souvenant de l'amour de mon fils et de mon mari.
Pareillement, j'ai des attentes de Dieu qui non seulement sont injustes, mais qui en plus ne sont pas à la hauteur de son amour pour moi. Cela me rappelle l'histoire de Lazare dans l'évangile de Jean, au chapitre 11. Lazare, le cher ami de Jésus, est tombé malade, mais quand Jésus entend la nouvelle, il ne va pas vers lui. Au contraire il prolonge son voyage. Il revient enfin, mais seulement après que Lazare a été mort depuis quatre jours. Quatre jours ! Et quand il arrive, la sœur de Lazare, dit à Jésus : Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Plus tard, l'autre sœur de Lazare, Marie, dit la même chose : Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort.
Je ne peux imaginer leur déception. Elles savaient que si Jésus avait été là, il aurait pu guérir leur frère. Je les imagine en train de veiller Lazare pendant ses derniers jours, priant que Jésus arrive, assurant à leur frère que Jésus serait bientôt là, l'imaginant en train d'arriver et touchant Lazare, prêtes à pleurer de joie quand Lazare se lèverait en pleine forme. J'imagine le festin que Marthe prépare dans sa tête pour fêter l’événement, ses yeux rieurs pardonnant à Marie son absence de la cuisine alors qu'elle est aux petits soins auprès de leur frère. Mais aucun de ces rêves, de ces attentes, ne se sont réalisés. Elles ont du être choquées que Jésus n'est pas venu. Anéanties. Elles l'avaient fait appeler, il allait venir, elles en étaient certaines. Quand il arrive enfin et pleure avec ses amis, des personnes de l'entourage disent : Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût point ?
Oh, combien nous avons tous des attentes envers Dieu. Nous pensons savoir ce qu'il devrait faire pour nous !
Jésus a bien un plan pour guérir Lazare, mais d'une façon plus grande : il va le ressusciter des morts ! Comme il l'explique à ses disciples, c'est une occasion de montrer la gloire de Dieu en glorifiant son fils (v. 4). Nous ne pouvons que spéculer sur la réaction de la foule, mais nous savons qu'en ressuscitant Lazare, Jésus prie pour la foule qui l'entoure, afin qu'ils croient que c'est Dieu qui l'a envoyé. Beaucoup de personnes ont certainement crû en Jésus ce jour-là, et ceux qui croyaient déjà ont vu leur foi affermie. La foi a été augmentée de manière incroyable et profonde !
J'imagine Marie, Marthe et Lazare assis autour d'un feu dans leur vieil âge, racontant fois après fois cette histoire. Marthe et Marie riant en se commémorant ce qu'elles avaient dit à Jésus : Souviens-toi quand je lui ai dit « Si seulement tu avais été là ?! » J'étais tellement en colère contre lui ! Si seulement j'avais su quels plans glorieux il avait ! Les grandes façons qu'il allait nous aimer, comment il allait attirer tant de personnes à lui ! Je m'accrochais à mes attentes, et pourtant mes attentes étaient si petites !
Je me retrouve à attendre des choses de Dieu si souvent. Je fais des requêtes exigeantes et je me raccroche à ce que je crois être le meilleur cadeau que Dieu pourrait me faire sans considérer le fait que peut-être il a quelque chose de plus doux, de plus généreux, de plus glorieux en tête. Et puis, quand je n'obtiens pas ce que je crois vouloir, je me mets en colère. Argh. Mais quand Dieu m'a-t-il abandonnée ? M'a-t-il jamais fait défaut, à moi ou à n'importe quel autre de ses enfants ? A-t-il jamais fait quelque chose qui ne soit pas magnifique, fidèle ou empreint de compassion ? Jamais. Ma foi est si petite.
Le verset que j'ai choisi de méditer cette année est Psaume 37.3 :
« Confie-toi en l’Éternel et fais le bien, aie le pays pour demeure, et que la fidélité soit ta nourriture ! »
J'aime beaucoup cette idée de faire de la fidélité sa nourriture, mais j'aime le fait qu'avant cela il y a les instructions de se confier, et de demeurer. Ce Psaume est plein d'ordres similaires : fais tes délices, recommande ton sort, mets en Lui ta confiance, garde le silence, espère en lui, ne t'irrite pas, laisse la colère, abandonne la fureur, détourne-toi du mal, fais le bien. Nulle part ne nous est-il dit d'avoir des attentes ou d'exiger des choses. Au lieu de cela, nous sommes encouragés à agir en silence sur notre cœur, pour croire que Dieu nous aime, que Dieu a quelque chose de plus grand en tête, plus grand que nos attentes minables. Plus grand aussi que les espérances de Marthe et Marie ! Tout comme Jésus a fait exploser leurs attentes, je peux croire qu'il va aussi aller au-delà des miennes. Ce ne sera peut-être pas aujourd'hui, mais le jour viendra, et ce sera parfait. Il ne mettra pas un pansement sur mes blessures pour me guérir de la manière limitée que je me suis imaginée, il va me restaurer complètement, rachetant ma douleur, et l'anéantissant complètement. Vais-je faire confiance à son amour ? Vais-je marcher dans Sa grâce ? Allez-vous me rejoindre dans cette aventure de la foi ?
Blythe écrit sur le blog mundanefaithfulness.com qu'elle entretient depuis le décès de sa chère amie Kara, auteur des livres Big Love, The Hardest Peace, Just Show Up, et And It Was Beautiful.