"Tout roule" ai-je dit avec un sourire à ma sage-femme. Aucun souci d'allaitement, un beau bébé qui grossissait à vue d’œil, des frères et sœurs ravis de leur poupée vivante. Nous étions mi-février 2015, et tout allait bien. J'avais une belle famille, nombreuse comme je l'avais toujours rêvée. Je savourais chaque jour ce nouveau-né qui n'en était plus un, consciente que le temps passe trop vite. J'étais en forme, j'avais l'impression de gérer six enfants à la maison sans problème.
Et puis, quelques jours plus tard, tout s'est arrêté.
Une vrai bombe dans cette vie de famille si vivante et si joyeuse.
Il nous quittait subitement.
Je ne gérais plus rien. La vision de notre futur changeait brusquement, nos plans étaient bouleversés.
Encouragés par les conseils des uns et les supplications de nos enfants qui voulaient un nouveau bébé, nous avons rapidement remis en route une grossesse.
Mais tomber enceinte une septième fois en dix ans, quatre mois à peine après la naissance précédente, c'était trop pour mon corps. Jamais je n'avais connu une grossesse aussi éprouvante. Et pourtant, je n'ai jamais eu de grossesse facile. Alors que Dieu tissait un nouvel être en moi, j'avais l'impression qu'il drainait les dernières ressources de mon corps. Aux nausées et vomissements ont suivi un état d'épuisement physique intense. Comme si mes os étaient tous disloqués, comme si mes muscles s'étaient tous ramollis, comme si le souffle me manquait pour chaque geste.
J'étais à bout. Ou bien c'est ce que je croyais.
Persuadée que demain, ça irait mieux, je soupirais après le jour de la délivrance.
2015 avait été une année difficile.
2016 serait un nouveau départ, je pourrais reprendre contrôle de la vie laissée en février 2015. Et tout irait bien.
Dieu avait d'autres plans.
Loin de retrouver une vie normale, nous allions être plongés dans un monde inconnu, celui de l'hôpital. Des semaines de questionnements sans réponses, d'incertitude au jour le jour, de vie familiale chamboulée et décousue... ont laissé la place à des mois sans sommeil. Si notre sixième bébé avait oublié de respirer trop longtemps pour rester en vie, voilà qu'on se trouvait à devoir rappeler à notre septième de respirer, pour la garder en vie.
Vivant au gré des alarmes et d'un bébé surexcité par la caféine, nous n'avons pas dormi deux heures d'affilée pendant plus d'un an. Avec un sommeil haché par une dizaine de réveils par nuit de 6 ou 7 heures, je n'avais jamais l'impression de m'être reposée.
Mes enfants précédents avaient certes interrompu mes nuits plus de fois que je ne peux compter, et je savais ce que c'est que de se lever jusqu'à 3 ou 4 fois la nuit, ou de rester debout avec un bébé qui n'en finit pas de pleurer, mais sans dormir jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, j'ai découvert un niveau de somnolence jamais atteint.
Ajouté à cela le stress d'une situation nouvelle et d'une histoire qu'on ne voulait pas voir se répéter et je suis devenue un zombi, qui cumule les oublis et les gaffes, qui cherche en vain à mettre de l'ordre dans ses pensées pour mettre de l'ordre dans sa vie, sa maison, sa famille, qui prie de ne pas s'endormir à chaque fois qu'elle prend le volant, qui n'arrive pas à raccrocher deux idées ensemble, qui voudrait sourire mais qui peine à garder les yeux ouverts, motivée pour plein de choses mais frustrée de ne pas y arriver, obsédée par l'idée de pouvoir dormir une seule nuit complète, mais consciente qu'il faudrait plusieurs semaines de sommeil réparateur pour retrouver un état normal.
Je rêvais d'entretenir ce site, mais pour écrire, il faut avoir quelque chose à dire... Telle un robot qui accomplit les gestes du quotidien, mais sans âme et sans réflexion, je me sentais incapable d'aller au bout d'une pensée, de formuler quelque chose qui ait du sens et encore moins qui puisse encourager ou édifier...
J'avais déjà eu six enfants à la maison. Mais cette fois, je ne gérais plus rien.
2016 a été l'année la plus difficile de ma vie.
Un matin du mois de mars, je me suis réveillée en me souvenant d'un rêve nocturne. J'ai réalisé que cela faisait des mois que cela ne m'était pas arrivé...
Depuis quelques semaines, on est passé à un ou deux réveils par nuit. Rien à voir avec les un ou deux réveils par heure !
Et lentement, je sens le brouillard se lever et mes facultés mentales revenir. Après deux années si éprouvantes et pourtant si différentes l'une de l'autre, je revis. Enfin.
Et je prie, et j'espère, que ces deux années m'auront rendue plus dépendante de Lui. Alors que j'ai le sentiment de mieux "gérer", je veux reconnaître que c'est Dieu qui contrôle tout. Tous les jours.
Il n'y a pas besoin de comprendre, seulement d'accepter.
C'est ça le plus dur, mais c'est ça la foi.
"Les projets que forme le cœur dépendent de l'homme, Mais la réponse que donne la bouche vient de l'Éternel." Proverbes 16.1
Et puis, quelques jours plus tard, tout s'est arrêté.
Une vrai bombe dans cette vie de famille si vivante et si joyeuse.
Il nous quittait subitement.
Je ne gérais plus rien. La vision de notre futur changeait brusquement, nos plans étaient bouleversés.
Encouragés par les conseils des uns et les supplications de nos enfants qui voulaient un nouveau bébé, nous avons rapidement remis en route une grossesse.
Mais tomber enceinte une septième fois en dix ans, quatre mois à peine après la naissance précédente, c'était trop pour mon corps. Jamais je n'avais connu une grossesse aussi éprouvante. Et pourtant, je n'ai jamais eu de grossesse facile. Alors que Dieu tissait un nouvel être en moi, j'avais l'impression qu'il drainait les dernières ressources de mon corps. Aux nausées et vomissements ont suivi un état d'épuisement physique intense. Comme si mes os étaient tous disloqués, comme si mes muscles s'étaient tous ramollis, comme si le souffle me manquait pour chaque geste.
J'étais à bout. Ou bien c'est ce que je croyais.
Persuadée que demain, ça irait mieux, je soupirais après le jour de la délivrance.
2015 avait été une année difficile.
2016 serait un nouveau départ, je pourrais reprendre contrôle de la vie laissée en février 2015. Et tout irait bien.
Dieu avait d'autres plans.
Loin de retrouver une vie normale, nous allions être plongés dans un monde inconnu, celui de l'hôpital. Des semaines de questionnements sans réponses, d'incertitude au jour le jour, de vie familiale chamboulée et décousue... ont laissé la place à des mois sans sommeil. Si notre sixième bébé avait oublié de respirer trop longtemps pour rester en vie, voilà qu'on se trouvait à devoir rappeler à notre septième de respirer, pour la garder en vie.
Vivant au gré des alarmes et d'un bébé surexcité par la caféine, nous n'avons pas dormi deux heures d'affilée pendant plus d'un an. Avec un sommeil haché par une dizaine de réveils par nuit de 6 ou 7 heures, je n'avais jamais l'impression de m'être reposée.
Mes enfants précédents avaient certes interrompu mes nuits plus de fois que je ne peux compter, et je savais ce que c'est que de se lever jusqu'à 3 ou 4 fois la nuit, ou de rester debout avec un bébé qui n'en finit pas de pleurer, mais sans dormir jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, j'ai découvert un niveau de somnolence jamais atteint.
Ajouté à cela le stress d'une situation nouvelle et d'une histoire qu'on ne voulait pas voir se répéter et je suis devenue un zombi, qui cumule les oublis et les gaffes, qui cherche en vain à mettre de l'ordre dans ses pensées pour mettre de l'ordre dans sa vie, sa maison, sa famille, qui prie de ne pas s'endormir à chaque fois qu'elle prend le volant, qui n'arrive pas à raccrocher deux idées ensemble, qui voudrait sourire mais qui peine à garder les yeux ouverts, motivée pour plein de choses mais frustrée de ne pas y arriver, obsédée par l'idée de pouvoir dormir une seule nuit complète, mais consciente qu'il faudrait plusieurs semaines de sommeil réparateur pour retrouver un état normal.
Je rêvais d'entretenir ce site, mais pour écrire, il faut avoir quelque chose à dire... Telle un robot qui accomplit les gestes du quotidien, mais sans âme et sans réflexion, je me sentais incapable d'aller au bout d'une pensée, de formuler quelque chose qui ait du sens et encore moins qui puisse encourager ou édifier...
J'avais déjà eu six enfants à la maison. Mais cette fois, je ne gérais plus rien.
2016 a été l'année la plus difficile de ma vie.
Un matin du mois de mars, je me suis réveillée en me souvenant d'un rêve nocturne. J'ai réalisé que cela faisait des mois que cela ne m'était pas arrivé...
Depuis quelques semaines, on est passé à un ou deux réveils par nuit. Rien à voir avec les un ou deux réveils par heure !
Et lentement, je sens le brouillard se lever et mes facultés mentales revenir. Après deux années si éprouvantes et pourtant si différentes l'une de l'autre, je revis. Enfin.
Et je prie, et j'espère, que ces deux années m'auront rendue plus dépendante de Lui. Alors que j'ai le sentiment de mieux "gérer", je veux reconnaître que c'est Dieu qui contrôle tout. Tous les jours.
Il n'y a pas besoin de comprendre, seulement d'accepter.
C'est ça le plus dur, mais c'est ça la foi.
"Les projets que forme le cœur dépendent de l'homme, Mais la réponse que donne la bouche vient de l'Éternel." Proverbes 16.1